La Lozère, vous connaissez? Nous nous connaissions un peu mais nos motos ne connaissaient pas encore.
C'est de façon assez informelle, "fesses bouc" aidant, que David m'a fait savoir que, en Lozère aussi, il y a de fort sympathiques amoureux de vieilles bécanes qui ne demandent qu'à faire connaître cette nature restée intacte de nos jours aux autres dingues de vieilles mécaniques.
C'est ainsi que nous avons pu partager deux jours d'authentique retour aux sources en toute simplicité et convivialité avec une poignée d'autochtones.
La règle du jeu est simple: on ne se prend pas la tête, on ne bouffe pas du kilomètre pour le simple plaisir d'en bouffer, on prend le temps d'admirer les paysages, de flaner dans les villages, de respirer l'air pur. Les pique-niques étant plus conviviaux que les salles de restaurant on mangera sur l'herbe, on parlera mécanique mais on ne jouera pas à "c'est qui qui a la plus belle? ", bref, la hauteur des flatulences restera inférieure à celle de leur émetteur (en d'autres termes, on ne pètera pas plus haut que son cul), et c'est très bien comme ça.
Dans la petite voiture d'assistance sont entassés les sacs de voyage et même s'il y a un peu de place sur la remorque, le motocycliste en panne devra certainement poursuivre sa route sur le tand-sad d'une avant-guerre accueillante. Heureusement les vieilles motos ne tombent jamais en panne irréparable et la question ne se pose même pas.
Le point de départ se trouve à Auroux, non loin de Langogne. Sur la micro-place biscornue, le poilu tout bleu rivalise de fierté avec la vierge qui a préféré des coloris plus sobres en belle harmonie avec ceux de Pétronille qui roule toujours en parfait mimétisme avec sa moto (la Vierge roulait-elle aussi en Tobec?), tout ça sous la protection du clocher de la petite église sans laquelle le marchand de vins voisin devrait fermer boutique... et moi je me dis que ça devrait bien me plaire cette Lozère.
On ne va pas "bouffer du kilomètre", c'est une façon de dire, on va quand même rouler. Il faut bien y arriver à Nasbinals en passant par Le Malzieu et Chaudes-Aigues, il faut y passer à la cascade de Déroc et au "Parc à loups du Gévaudan", il faut y monter au "Truc de Fortunio" à 1551 mètres d'altitude. Au retour à Auroux les compteurs afficheront deux cent trente-cinq kilomètres de plus.
Sachez quand même qu'avant cette balade Pétronille dont le frein arrière était plein de graisse issue de son moyeu a subi une greffe de joint....en fait un vieux cache-poussière de cylindre de roue de ma traction...
Sachez aussi que la veille du départ j'ai trouvé un rayon de roue arrière fraîchement cassé sur la FN, ni cambouis ni oxydation sur une cassure qui illustrerait à merveille ce qu'est une cassure par fatigue dans un livre d'école: zone de progression lente de la fissure et zone de cassure définitive par arrachement.
N'ayant trouvé qu'un rayon trop court il a fallu bidouiller: un gros clou percé de part en part pour constituer un manchon, je récupère la moitié filetée du rayon cassé, un peu de brasure à l'argent et ça tiendra bien jusqu'à l'hiver.
Les moteurs se sont réveillés, les casques et les gants sont mis, après une bonne petite grimpette pour se mettre en condition on souffle un peu à Grandrieu.
Au "Pont des Sept Trous" nous passons à 1418 mètres d'altitude.
Un beau clocher-mur comme on en voit souvent dans cette région.
Saint-Alban-sur-Limagnole, allez-donc voir l'église et son clocher, par contre si vous voulez du tissu, il vous faudra attendre l'heure d'ouverture.
Pique-nique tiré du sac au Malzieu.
En route vers Fournels où nous nous regroupons.
On arrive à Chaudes-Aigues en dominant la ville, tandis que les touristes s'intéressent à nos motos nous parcourons le ruelles et allons tâter du bout des doigts la température de l'eau...c'est vrai qu'elle est chaude!
En route vers Saint-Urcize, la campagne est belle (ma moto aussi!).
Pause à Saint-Urcize, prenez la peine, même si c'est raide, de monter en haut du rocher de la Vierge la vue sur le village y est fabuleuse.
Pendant ce temps les motos s'abreuvent.
A Nabinals la nuit d'hôtel et l'aligot ont été bien appréciés.
Dimanche, le beau temps est bien installé, les vaches intriguées sont venues admirer les motos dès le lever du jour.
En route pour une belle journée.
Après une petite dizaine de kilomètres on va respirer la fraîcheur de la cascade de Déroc.
En route vers le Parc à loups du Gévaudan où nous ferons le pique-nique.
Nous partons ensuite voir le "Truc de Fortunio" et son impressionante vue panoramique à 1551mètres d'altitude après être passés par Saint-Amans et le Col du Cheval Mort.
Déjà de retour à Auroux, mais pourquoi les belles choses ont-elles toujours une fin?
La règle du jeu a été respectée: personne n'a flatulé trop haut ou n'a voulu savoir quelle était la moto la plus désirable, mais quand on aime la vieille bécane, on regarde celle des copains, on admire et on ne s'en lasse pas.
Je vous l'avais dit: "jamais de panne immobilisante avec nos pétoires", surtout en Lozére où ce ne sont pas quelques crabots hors d'usage du pignon de sortie de boîte d'une Vélocette qui vous arrêteraient.
Amis, si vous décidez un jour d'être en panne, ne faites pas ça près d'une grande ville, il n'y a que des "je-sais-tout-mais-je-ne-sais-rien-faire-avec-mes-doigts" qui ne se sentent même pas concernés par votre problème. En Lozère on trouve toujours "le" gars du coin qui n'accepte comme remerciement qu'un verre de pastis et la joie qui se lit sur votre visage, mais qui manie la baguette inox et la disqueuse comme aucun citadin ne peut l'imaginer. Ce fut un grand moment, la Vélocette a poursuivi sa route comme si rien ne s'était passé !
Merci Josie, Nathalie, Jeannot et les autres, surtout ne changez rien, c'était parfait.