Saint Trop' est devenu un rendez-vous incontournable, c'est pour nous l'une des premières sorties de l'année, c'est le printemps, il fait beau....enfin...pas toujours.....mais ça on s'en moque parce que les organisateurs du "Moto-Club rétropézien" sont formatés pour le beau temps. Vade retro les pisse-vinaigre grincheux, peu importe ce qui tombe du ciel, le meilleur des parapluies c'est la bonne humeur qui règne au sein d'une bande de cinglés qui ne demandent qu'à faire parler les pistons et à discutailler mécanique et vieilles bécanes "faites-pour-rouler".
Comme vous savez lire entre les lignes, vous aurez compris que, cette fois-ci, à St Trop', c'est dans la tête que le ciel était bleu.
Il existe un jeu qui consiste à faire des châteaux de cartes à l'équilibre précaire, nous ce qu'on aime, c'est essayer de béquiller une moto de façon stable dans un pré bien gras pourtant soigneusement préparé pour nous accueillir.
C'est sur la place des Lices que les motos se réunissent avant le départ et comme d'habitude, à St Trop', il y a du beau, allez, quelques photos pour vous donner un avant-goût, je suis sûr que vous reconnaitrez les deux plus belles !
Quatorze heures trente: fini la sieste pour les riverains, le ciel est bas, mais les nuages sont encore étanches, c'est parti.
Très vite on rejoint le bord de mer, il faut s'assurer que tout est en ordre, l'indiscipliné que je suis s'évade du troupeau pour compter les brebis : combien ? Je dirais une "quatre-vingtaine" environ (et en mauvais français).
Mais où vont-elles toutes ces motos ?
La Garde-Freinet, Gonfaron, Pierrefeu, La Londe-les-Maures, Le Lavandou, La Croix-Valmer : cent trente kilomètres selon les organisateurs et cent quarante selon Pétronille.
Nous atteignons sans tarder la route intéressante : peu de circulation, des virages, la nature...
Un petit coup de main à la Peugeot au réservoir d'essence épris de liberté mais j'ai toujours à portée immédiate de main mes deux outils les plus utiles : écrou ou saucisson, rien ne me résiste.
Des montées, des descentes, des virages, ça mérite bien une petite pause.
"Toc toc" sur les Climax, "pic pic" sur les joues endolories, la route qui devient brillante, de coquins filets d'eau froide qui pénètrent sous les vêtements, aucun doute n'est possible : il pleut.
Une petite accalmie, un petit dégagement, une petite pause.
C'est reparti, encore des virolos, allez une photo... un peu floue, mais mes gants sont trempés, mes lunettes sont pleines d'eau, mon APN dégouline, accordez-moi un peu d'indulgence.
Au port de Miramar ce n'était pas quelque "grosmono" qui faisait une grosse colère c'était bel bien l'orage et le tonnerre qui manifestaient leur présence, nous nous contenterons d'un arrêt ... éclair.
Allez quelques rapides photos humides, il nous reste encore quelques dizaines de kilomètres à faire.
La route qui longe la côte est un vrai régal, je suis Pétronille qui enroule les courbes avec beaucoup d'aisance, la pluie, on s'en fout, on est bien, tant pis pour le paysage, ce sera pour une autre fois.
Dans ce genre de situation je ne peux m'empêcher de méditer sur la bonne volonté de ces merveilleuses vieilles machines si vaillantes qui roulent de façon imperturbable dans toutes les conditions. La défaillance mécanique ? On n'y pense même pas, elles roulent et on est sûr qu'elles ne nous trahiront pas : c'est beau, ça a quelque chose de magique.
Au petit matin, après une nuit sonorisée par les ",glou-glou" lancinants de l'eau qui tombait du ciel et qui dégoulinait sur le toit nous retrouvons certaines motos bien détrempées, mais Pétronille et la FN sont restées couvertes.
Deux accessoires m'ont fait une bonne farce :
La sangle en cuir de mon fidèle bol n'a pas apprécié la chaleur trop élevée du radiateur sur lequel il a séché pendant la nuit, elle est devenue cassante, heureusement j'avais de la rechange. Et comme pour me provoquer mon bidon d'huile au sertissage trop fatigué par les secousses a déclaré forfait dès que j'ai voulu l'utiliser. J'ai quand même réussi à faire les niveaux mais j'ai remercié ma voisine anglaise gloutonne qui avait un gros besoin de lubrifiant ce qui m'a permis de vider mon ... bâton merdeux bien gras devenu bien encombrant sans polluer la nature.
Quelques sardines grillées et morceaux de poulet plus tard, mes mésaventures sont vite oubliées.
On a beau se sentir l'âme d'un héros un peu fou, on trouve toujours plus fou que soi-même : mil-neuf-cent quatorze, transmission par courroie et ça roule encore par tous temps : respect !
Les quelques trous dans les nuages ne nous empêcheront pas de rouler, c'est parti pour une petite boucle qui nous mènera du côté de Cogolin et Gassin après une pause touristique à Port Grimaud.
Après une poignée de kilomètres nous avons atteint la sortie de la ville pour le traditionnel regroupement : je soupçonne d'ailleurs certaines motos d'y avoir marqué le territoire la veille. Pétronille est prête pour la douche froide.
Arrêt à Port Grimaud pour une visite de la marina sur le "promène-couillons" flottant.
Et c'est reparti......sous la pluie....
Apothéose sur la place des Lices où nous attend le traditionnel apéritif. Cette année les flaques d'eau sont plus nombreuses que les badauds, dommage pour la frime.
Les motos ont fonctionné sans la moindre faiblesse, démarrant toujours au premier coup de kick : braves bêtes!
La fête se termine par un gigantesque méchoui et la traditionnelle distribution des prix, ces gens savent accueillir.
Et puisque vous êtes bien sages je vous présente quelques coups de coeur.
Peu importe si au-dessus des casques il pleut, ce qui est important c'est ce qui se passe dans la tête au-dessous. La pluie a parfois beaucoup de charme et ne laisse que de bons souvenirs.
A l'an que ven !