Il est beau ce réservoir en laiton, en fait, le propriétaire précédent m'avait dit qu'à l'origine i il était peint et orné de deux filets de peinture mais que comme c"était très dégradé il avait choisi l'option décapage.
Je suis bien décidé à faire la même entorse à l'origine, tout comme les vieilles maisons que l'on restaure en laissant pierres et poutres apparentes, je compte bien laisser le laiton apparent au risque de scandaliser les puristes .... qui sont très certainement admiratifs des vieilles maisons aux pierres et poutres apparentes.
Il comprend deux compartiments : un pour l'essence : volume mesuré : 7 litres et l'autre pour l'huile, volume mesuré : 2 litres. La pompe à huile, simple seringue sans goutte à goutte est intégrée dans le réservoir, son volume est de 25 cc, soit une autonomie de 80 coups de pompe (400 km si on injecte la totalité tous les 5 km)
"ULTIMA LYON" a été peint à la main très proprement mais d'un seul côté.
Problème, en braquage maxi la fourche venait taper sur l'avant dépourvu d'échancrure, qui du coup se trouve cabossé. Par la suite les type A et B ont eu un réservoir échancré. Mais moto est un modèle de transition peut-être pas pensée pour cette fourche oscillante ?
Je commence par réaliser des butées sur la fourche : du rond, quelques copeaux, de la brasure, un peu de nickel et le tout est joué.
Même si je n'y croyais pas trop j'ai tenté de le décabosser. Dans un premier temps avec la méthode du tire clou : un vrai clou collé à l'étain et tiré avec une pince à rivets Pop équipée d'un semelle d'appui, mais la brasure à l'étain n'a pas tenu. Dans un deuxième temps avec une cane à l'intérieur, en fait une rallonge de clé, mais par manque de rigidité et de précision j'ai vite abandonné.
En fait l'impact est dans l'angle de deux tôles dont l'une a un rabat pour recevoir le brasure à l'étain, cette zone est extrêmement rigide, seul le désassemblage du panneau avant permettrait de débosseler les pièces mais pour ôter ce panneau sans le déformer de façon irréversible il faudrait le chauffer en totalité sachant que je m'interdit tout flamme qui pourrait enflammer les vapeurs d'huile et d'essence.
La pompe à huile s'enlève facilement, je pense que les coupelles en cuir du piston devraient être opposées pour garantir l'admission et le refoulement, elle seront changées et inversées.
Les clapets d'aspiration et de refoulement sont en très bon état.
Les bouchons ainsi que le robinet d'essence sont en bon état.
Les pontets qui fixent le réservoir au cadre sont très oxydés, je les refais en acier doux. Le bouchon de vidange est très matraqué, j'en refais un dans une grosse vis en laiton. Tous les "accessoires" passent ensuite au nickelage maison.
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Bon, ce panneau avant cabossé, j'ose ou je n'ose pas ?
La pièce jetée en l'air est tombé du côté pile, donc j'ose ! ( si elle était tombée du côté face j'aurais osé aussi). Vous aurez compris que c'est du désoudage du panneau avant du réservoir qu'il s'agit. Il faut enlever l'étain tout autour pour pouvoir extraire le morceau sans exercer de contrainte sinon c'est la déformation assurée et la quasi impossibilité d'un remontage propre.
Ma méthode : Surtout pas de flamme car les résidus d'huile peuvent s'évaporer et exploser de plus le compartiment d'essence est tout proche. J'utilise un souffleur à air chaud dans une main et une soufflette dans l'autre, la moindre gouttelette d'étain fondu est immédiatement expulsée et centimètre après centimètre, je trouve mon panneau avant complètement décollé du reste du réservoir, il tombe de son propre poids.
Oups, la cloison de séparation essence huile en a profité pour se décoller, la réparation est facile. Contrôle de l'étanchéité par mise sous pression et eau savonneuse, c'est bon. Contrôle à refaire après assemblage final.
Après nettoyage le débosselage n'est qu'une simple formalité, il faut quand même être soigneux : supprimer tout excédent d'étain, débosseler en dépliant la tôle sans frapper comme un bourrin en veillant à ne pas "blesser" le métal pour que la pièce retrouve exactement sa forme initiale. Je réalise un outil "à la forme" pour reformer les angles, la finition est faite sur un "tas souple" soit une plaque de caoutchouc dur posée sur un tas plat.
Le panneau avant s'ajuste très bien, en avant pour la brasure à l'étain que je pose avec un fer à souder de 150 watts. Pour éviter de décoller à nouveau la cloison entre essence et huile, j'utilise de l'ancienne brasure, désormais introuvable, au plomb, dont le point de fusion est plus bas : 180° au lieu de 230 d°.
Après un ultime contrôle de l'étanchéité des deux compartiments les excédents d'étain sont enlevés au grattoir triangulaire et papier abrasif.
Et voila le job, la pièce jetée en l'air a eu bon goût de ne pas tomber sur la tranche, c'aurait été dommage.
Les finitions, polissage, marquage et vernis seront faites plus tard, mais je fais un montage à blanc pour me faire plaisir et pour vérifier que la fourche ne bute plus contre le réservoir.
Ça commence à ressembler à une moto !