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Vous vous en étiez peut-être rendu compte mais la selle de la FN accusait ses 82 ans et se trouvait dans un état de délabrement qui ne convenait plus à la dignité de mon séant. Seulement voilà : sa patine me plaisait beaucoup et j’étais très attaché à cette assise dont le « simili » avait accueilli de façon si intime le précédent propriétaire, certes inconnu, mais dont l’âme, à force d’osmoses rectales répétées, avait diffusé ses humeurs dans toute la mécanique de ce qui était devenu « ma » motocyclette depuis trois ou quatre décennies.
Pour cette raison, lors de sa restauration, il y a donc fort longtemps, j’avais soigneusement désossé l’objet pour refaire à neuf son support métallique (sablage, apprêt phosphatant, et peinture cellulosique etc…), mais j’avais eu à cœur de sauvegarder ce dessus de selle, cinquantenaire à l’époque, émouvant témoin de tant de complicités en le reposant religieusement avec de beaux rivets de cuivre tout neufs.
A cette époque, le tand-sad à l'arrière, ne m’avait pas laissé le choix compte tenu de son état de délabrement et ce fut le cuir prélevé dans le dos de mon vieux blouson de motard qui me servit de matière première pour le regarnir. J’étais jeune alors et ne m’étais point posé de questions ni sur l’âme ni sur les humeurs du popotin de la passagère… et pourtant…j’aurais pu rêver, fantasmer peut-être …
Le tand-sad
Mais aujourd’hui c’est de la selle du pilote qu’il s’agit car la moindre pluie prend un malin plaisir à l’imbiber, la transformant en misérable éponge informe pas très confortable, vous vous en doutez bien.
Allez, finies les considérations sentimentales et philosophiques.
Dans un premier temps j’ai envisagé de conserver l’enveloppe de simili en la renforçant intérieurement par collage d’une pièce de cuir souple bien ajustée, dans le seul but de sauvegarder son aspect si délicieusement patiné, mais l’épaisseur de feutre cousue à l’intérieur rendait la chose vraiment acrobatique.
J’ai donc décidé de refaire un dessus de selle avec mes petites mains, mes petites aiguilles, alènes, ciseaux, tranchets et autres fils de lin, et…du vrai cuir.
Trouver du cuir ? rien de plus facile, il suffit de parcourir les rues des grandes villes le soir des encombrants, équipé d’un cutter, on y trouve sans difficulté quelque vieux canapé abandonné sur le trottoir, de très beaux morceaux de peau sont récupérables.
Entre la garniture et les ressorts il y a une couche de caoutchouc préformé qui a perdu sa souplesse et qui est en mille morceaux (à peine 80 ans et c’est déjà foutu, non mais où on va ?), on s’en occupera plus tard.
Tout d’abord je découpe le patron des différentes pièces.
Je découpe ensuite les pièces de cuir en marquant le tracé des coutures,
Premières coutures, voilà les « bouts reliés » (c’était juste pour faire une vanne !)
La rigidité de la partie arrière sera obtenue en insérant une pièce de cuir épais taillé dans une vieille ceinture (les vide-greniers sont une source de matière première souvent méconnue)
Pour faire joli, je fais un bourrelet en insérant un tube, je trouve que ça fait classe….par contre pour coudre le tout il faudra opérer en plusieurs fois et ce n’est pas aisé, l’amateur que je suis vous demandera un peu d’indulgence .
Maintenant que faire pour ce truc en caoutchouc qui fut souple ?
Après recherches de pièce adaptable et nombreuses tergiversations je décide de le sauver : reconstitution du puzzle par collage à la superglu suivi d’un renfort de toile forte fixée à la colle néoprène sur les deux faces. Ce n’est pas très souple mais la forme est impeccable.
Ca commence à prendre tournure, faisons une présentation pour voir si ce n’est pas trop serré ou trop lâche, c’est OK,……( comme quoi un patron ça sert parfois à quelque chose)
Je peux m’attaquer aux finitions: ourlets tout autour et partie arrière.
Et tant qu'à être faussaire je pousserai l’imposture jusqu’au bout en récupérant la plaque « Bonhomme » qu’il y avait sur la pièce d’origine.
J’ai un peu honte pour l’entorse faite à la conformité en remplaçant le simili par du vrai cuir, j’espère que les puristes ne m’en voudront pas mais ma moto est « faite pour rouler » et non pour se pavaner dans un musée.
Seul problème : depuis que madame a constaté que j’étais capable de troquer ma boîte à outil contre sa boîte à couture je crains qu’elle refuse désormais de recoudre mes boutons de culotte…c’est con !