Pour la quatrième fois Valérie et Thierry nous ont invités à leur périple, mais cette fois-ci ils ont mis un peu de piquant dans la sauce en inventant "le périple surprise" : personne ne connaîtra la destination jusqu'au moment du départ.
Le lieu du rendez-vous, Canet en Roussillon, n'a été connu que quelques jours avant le départ. A partir de ce moment les suppositions et paris ont fusé mais ce n'est qu'à la fin de la première étape que nous connaîtrons la destination finale.
Vendredi 30 septembre, en fin d'après-midi, les quinze participants répartis sur onze motos dont quatre conduites par des "nanas" se retrouvent au camping "Les Fontaines" à Canet-en-Rousillon. BMW, Monet-Goyon, Koehler-Escoffier, Matchless, Triumph, FN, Pétronille, une voiture d'assistance au coffre archi-plein et une remorque porte-motos, tout le monde est là et scelle l'amitié autour d'un plateau de fruits de mer.
Samedi 1er octobre.
La dernière ligne du road-book qu'on vient de nous distribuer finit à Tossa-de-Mar, non loin de Barcelone et son port ... c'est sûr, ce n'est pas en Lituanie que nous allons !
A neuf heures, après un coup de kick les 11 motos partent à l'aventure.
A la sortie du camping le Canigou déjà enneigé nous souhaite une bonne route.
C'est en longeant la côte que nous roulons : Argelès, Banyuls, Rosas, pique-nique à Sant Marti d'Empuriès, Sant Feliu, et Tossa de Mar.
Le ciel aurait pu être un peu plus bleu mais ce n'est pas grave, nous allons vers le sud.
Petite pause.
On se perd un peu du côté de Banyuls mais nous voici réunis pour une pause café.
La route qui longe la côte est un vrai bonheur : les virages s'enchaînent, la côte est belle, le passage de la frontière est vraiment "folklo".
Tiens, une petite plage avec un groupe d'amateurs de 2CV, nous y faisons une pause. Je ne réalise pas que le sol est mou, la béquille s'enfonce, la FN tombe .... et mon beau lecteur de road-book en fait les frais, il est tout tordu et un support est cassé.
Le ciel s'éclaircit, nous faisons une pause "achats" pour le pique-nique, si vous aimez les vases, c'est dans cette région qu'il faut aller.
Sant Marti d'Empuriès, il y a des endroits plus moches pour pique niquer : la plage, le parc, les ruines, l'église, tout est beau.
Après quelques villes de bord de mer pas très "old bike friendly" (et oui, je parle aussi l'estranger) mais aussi quelques routes escarpées comme on les aime nous voici à Tossa de Mar ou les chalets sont bien appréciés.
Dimanche 2 octobre.
La destination nous est enfin annoncée : nous allons embarquer à Barcelone pour Majorque. C'est à ce moment-la que Pétronille a découvert que j'étais au courant depuis plusieurs mois grâce à une "imprudence" de l'organisation qui avait diffusé un document exploitable sur google, un autre participant avait aussi "googuelé" et deviné mais nous sommes restés muets jusqu'au bout.
Les cartes et road-books sont prêts même si on s'attend à ce qu'il y ait quelques variantes.
Il ne reste que peu de route à faire jusqu'à Barcelone mais il est interdit de rater l'heure de départ du ferry et surtout, il nous faudra traverser Barcelone aux mille feux rouges car la voie rapide est fermée. Toute panne dans la ville encombrée serait très problématique !
Finies les belles routes "sexies" et grosse confusion à cause d'une rue barrée sans signalisation de déviation. Nous nous offrons une pause "restau" au camping "El Vedado" du côté de Alella qui nous accueillera au retour.
Je n'ai pas compté les feux rouges dans Barcelone, ce que je sais, c'est que j'ai perdu le groupe et, merci au GPS, ma FN a descendu, non sans les enfumer, les fameuses Ramblas encombrées jusqu'au port où j'ai retrouvé les collègues.
Allez, on embarque les motos qui ont déjà 341 km de plus aux compteurs.
Une trentaine de BMW de haut de gamme électriques nous accompagne, mais il en faudrait beaucoup plus pour nous donner des complexes. Un pilote était aussi curieux de nos machines que nous l'étions de la sienne. L'échange a permis de meubler l’attente interminable dans ce hall tristounet.
Lundi 3 octobre.
Au petit matin les motos sont prêtes, vous noterez l'optimisation du coffre de la voiture d'assistance.
Après une pause café / marché à Calvia nous visiterons la côte nord-ouest de l'ile jusqu'au port de Valldemossa pour rejoindre ensuite le camp de base à Llubi.
Calvia.
Ensuite c'est le pur bonheur, la route le long de la côte découpée offre des paysages magnifiques. Les nombreux vélos s'adonnent à leur jeu favori : le roulage à deux ou trois de front, OK, il faut savoir partager l'espace mais on s'en serait bien passé.
Tandis que certains s'offrent une pause, je prend les devants avec Pétronille et Jacqueline pour profiter pleinement du paysage.
La descente sur le Port de Valldemossa est le clou de la journée : étroite, vertigineuse, rythmée par de nombreuses épingles à cheveu (au singulier car on n'en mettrait pas deux tellement elles sont serrées), le tout avec une vue plongeante sur un adorable petit port mignon tout plein. Inutile de dire que la voiture d’assistance est restée en haut.
Pour remonter la route est ... toujours aussi étroite, les voitures ont du mal pour se croiser.
Santa Maria, Sencelles .... nous arrivons à Llubi après 136 km.
Le gîte avec piscine est très confortable, les motos sont à leur aise dans un immense garage.
Mardi 4 octobre.
Le matin nous irons vers l'est, à Alcudia célèbre pour son marché.
En route pour Sa Pobla pour faire le plein des motos.
Les nombreux moulins qui ne sont plus en activité font partie du paysage.
A Alcudia nous profitons du marché pour faire quelques courses et allons voir le panorama en haut des anciennes fortifications de la ville.
L'après-midi nous irons à la mer sur la côte est sauf que ..... sur la fin du trajet du matin Pétronille avait quelques problèmes ..... nous laissons partir les collègues pour expertiser. La cause est vite trouvée : quand l'aiguille du boisseau se décroche, ça marche moins bien ! Après inversion des rondelles de calage tout rentre dans l'ordre et nous faisons un tour à deux jusqu'à Can Picafort.
Nous aurons fait 97 km dans la journée.
Au retour la garde à l'embrayage de Pétronille avait augmenté anormalement : le câble trop écrasé et blessé au niveau du serre-câble commençait à s'étirer, il aurait vite cassé. Après une nouvelle séance de mécanique Pétronille peut repartir confiante.
Mercredi 5 octobre.
Belle balade en perspective, nous remonterons vers la côte nord à Sa Calobra et au Port de Soller et rentrerons par Bunyola et Inca.
Vérification de l'intégrité du groupe à la sortie de Llubi, il fait beau, allez, je vous emmène.
Les motos ne roulent pas l'estomac vide, arrêt à la station de Inca, le dosage du mélange deux temps fait toujours l'objet d'une petite prise de tête.
Pause café au Coll de Sa Batalla.
Ce qui suit est époustouflant de beauté : la mer, le ciel bleu, le Coll dels Reis, la petite route qui serpente dans la montagne escarpée ..... ( et les vélos !) .
Nous retournons à Puig Major où nous retrouvons la route plus large.
Fornalutx est un beau petit village, nous y faisons les courses pour le pique-nique.
Pique-nique au Port de Soller, et café le long de la plage, le tramway est délicieusement rétro.
Pour rejoindre Bunyola, nous éviterons le tunnel et passerons au Coll de Soller, c'est bien plus rigolo, on sort d'une épingle pour rentrer dans une autre, ce n'est que dans la descente que la route devient plus "humaine" et que je trouve un peu d'espace pour m'arrêter et faire une photo.
Passage au Coll d'Honor, ici aussi la route est "joueuse".
Pause café bien méritée à Orient.
Nous retrouvons ensuite le plat pays et les champs d'amandiers qui portent les stigmates de la canicule. 155 km ont été ajoutés aux compteurs.
Jeudi 6 octobre.
En avant pour le Cap de Formentor à l'extrême nord est de l'île.
Nous avons déjà nos habitudes : petit-déjeuner des motos à la station de Sa Pobla.
Après une route de plaine typiquement majorquine agrémentée de ruines de moulins à vent, de champs d'oliviers et d'amandiers quelque peu desséchés nous trouvons la mer au niveau de Port de Pollença.
Belle grimpette jusqu'au Coll de la Creueta.
Nous posons les motos pour monter au "mirador des Colomer", le paysage est grandiose.
Encore un peu de route ( et de vélos !) jusqu'au Cap Formentor.
De toute évidence les nuages qui s'approchent de nous ont un gros problème d'incontinence, laisse-t-on passer l'averse bien à l'abri ou part-on avant que le ciel nous tombe sur la tête ?
Nous décidons de fuir ... pour nous arrêter peu après pour enfiler les vêtements de pluie. Nous rentrons au plus court à Llubi bien trempés et nous offrons un peu de farniente après un excellent repas de tapas pris sur la place de la ville.
Nous aurons fait 104 km.
Vendredi 7 octobre.
Pour cette dernière journée sur l'île nous décidons de ne rouler que le matin et réserver l'après-midi à la préparation du départ du lendemain.
La côte Nord, Pollenca, Inca et le retour par Ariany pour le restaurant sont au programme ... sauf que les voitures de rallye aiment les mêmes routes que nous et nous devrons rebrousser chemin et improviser. Il y a un marché à Algaida, allons-y non sans faire une pause café à Sa Pobla dont nous ne connaissions que la station-service, les petites rue à l'intérieur sont très vivantes.
Pendant que certains flânent au marché d'autres changent un câble d'embrayage, on appelle ça la routine.
Tiens un beau moulin bien restauré sur la route de Ariany.
A Ariany l'assortiment de tapas était bon, merci.
A Santa Magarita pendant que les réservoirs font le plein, le pneu arrière de Pétronille fait le vide à cause d'une belle vis bien plantée dedans, c'est très sympa surtout quand la pluie s'invite. Tous les motards le savent : les bombes anti-crevaisons ne sont vraiment efficaces que quand on ne crève pas ! Pétronille a quand même pu regagner Llubi toute proche mais le dernier des 107 kilomètres a été fait à très basse vitesse avec une jante qui commençait à flirter avec le goudron. J'avais une chambre à air d'avance, le problème a vite été réglé, surtout avec l'aide des copains, mais .... je devrai monter la coupable vis en boucle d'oreille pour Pétronille, elle n'avait pas encore ça dans sa collection !
Samedi 8 octobre.
C'est un peu la journée redoutée mais chacun a bien compris l'enjeu : nous devrons partir de nuit pour ne pas rater le ferry, en priant pour que celui-ci ne prenne pas de retard sinon le trajet de Barcelone jusqu'au camping se fera aussi de nuit.
Par prudence et comme nous devrons emprunter l'autoroute, Pétronille et la petite Monet voyageront sur la remorque d'assistance. Les autres rouleront en convoi, gilet jaune de rigueur. Toute bidouille à base de lampe additionnelle est acceptée par les organisateurs.
Il est bien évident que toute panne mettrait le groupe dans une panique .... noire comme la nuit.
Le risque est calculé, le stress est maîtrisé, on est confiant.
Pas question de faire chauffer les moteurs dans la rue à six heures du matin, sitôt démarré, sitôt parti pour un regroupement à la sortie de la ville pour ne pas réveiller la population.
La petite route est bien sombre, les feux rouges du side qui me précèdent sont trop rapides pour mon phare et ma vue de septuagénaire faiblards, je le laisse filer et le retrouve à Sineu. La route est alors plus facile ... mais ce n'est pas la bonne ! On y sera pour pas mal de kilomètres d'autoroute en plus.
Prêts pour l'autoroute ? OK c'est parti.
Le petit train des gilets jaunes progresse à 70 km/h sur une autoroute très chargée pour un samedi à 7 heures du matin. Un moment de faiblesse d'une Monet a fait monter l'adrénaline mais au petit jour tout le petit monde est arrivé à Palma dans les temps et les motos ont été chargées sur le ferry.
Bonjour Barcelone où le ferry arrive à l'horaire prévu.
Un peu d'autoroute jusqu'à Alella, un peu de petite route et nous arrivons au camping El Vedado à Vallromanas avant la nuit.
"On l'a fait", la tension nerveuse a baissé, nous avons même l'impression que le périple est terminé alors qu'il nous reste plus de 200 km à faire. Le repas au camping sera bon.
84 km auront été parcourus dans la journée ..... sans la moindre épingle à cheveux !
Dimanche 9 octobre.
Nous quittons le camping à huit heures et demi.
Hostalric est un beau village, idéal pour la traditionnelle pause café du matin.
Béquiller une moto sur un sol mou présente des risques, la Matchless en a fait les frais ; tandis que les colliers rylsan et les fils de fer "pétassent" tant bien que mal la poignée d'embrayage cassée, les autres motos prennent du repos et les gars du nord (!) découvrent les arbouses sauvages.
Pique-nique du côté de Figueras.
Au départ la chef avait dit : "on prendra des routes assez roulantes car il y a beaucoup de kilomètres à faire " ... on a parfois bien rigolé !
On ne passe pas à La Jonquera sans faire de menus achats.
Après un passage laborieux à la frontière et au Perthus où un douanier amateur de vieilles motos était plus intéressé par nos bécanes que par la fluidité du trafic, la route nous a paru bien longue jusqu'à Canet-en-Roussillon.
C'est après 223 km que nous retrouvons notre point de départ.
Notre "périple surprise" se termine après 1244 km, une troisième mi-temps s'imposait, la petite brasserie à Canet s'en est chargée.
Bilan :
Ayons un peu de compassion pour la remorque qui n'a pas connu de motos en panne, tous les trajets sur l'île ont été fait sans assistance.
Mention spéciale pour Pétronille qui s'est distinguée par une aiguille de boisseau éprise de liberté, un câble d'embrayage fatigué et une crevaison, ce qui n'est pas dans ses habitudes !
Rares incidents : chute de motos béquillées sur sol trop mou, trois câbles d'embrayage, quelques bougies, quelques cacas nerveux passagers pour certaines.
Pétronille a consommé 0.7 litres d'huile, la FN s'est contenté de 0.5 litres. La consommation totale de carburant des deux motos a été d'environ 7 lites aux 100., (environ 4.5+2.5)
Un coup de chiffon en guise de révision et elles sont prêtes pour repartir.
Les participantes (désolé pas de photo de la R60/5).
Un grand bravo et un énorme merci à Valérie et Thierry pour leurs talents d'organisateurs et leur disponibilité à toute épreuve.