Cette année le « rétro-tour d’Ardèche » des motos solo se déroule exceptionnellement en automne, vous savez, cette belle saison où les feuilles des arbres jouent avec les rayons du soleil encore bien présent pour décorer les vallons et les sous-bois de nuances de jaunes éclatants, de dorés chatoyants, de rouges écarlates……..enfin, ça c’est ce qu'on lit dans les recueils de poèmes, parce que parfois, même si certains prétendent que c’est rare, en Ardèche, il pleut !
Accueil dès le vendredi soir, cent-soixante kilomètres le samedi pour s’assurer que le Gerbier de Jonc et le Mézenc sont toujours là : le Cheylard, Fay-sur-Lignon, Les Estables…. Puis une bonne centaine de kilomètres le dimanche vers Saint-Peray, Saint-Romain-de-Lerps, Alboussière, Vernoux-en-Vivarais. La cinquantaine de motos ne demande qu'à taquiner le bitume et la bande d'authentiques fous (et folles) est impatiente de chausser les bottes et de coiffer le casque.
Samedi dès potron-minet, alors qu’on y croyait encore, je tente quelques photos malgré la faible lumière. (le réglage de la sensibilité est au maxi, ça fait du grain, ne m’en veuillez pas trop).
Mais les couleurs automnales des alertes météo se faisant de plus en plus foncées et le risque de brouillard de plus en plus réel, la sagesse nous conseilla d’écourter la balade en se limitant aux basses altitudes.
Tant pis pour le look, le casque intégral remplacera le bol et les climax, les bruits mécaniques sont ainsi assourdis et je n’entends plus que le son grave et profond de mon fidèle moteur, je roule tout seul, le ciel bas et humide m'isole du reste du monde, je longe la vallée de l’Eyrieux, je suis dans un autre univers, le ciel peut s’écrouler, je suis ailleurs, je suis bien.
Je me réveille à l'arrivée au Cheylard. Les stations-service ça sert aussi à s’abriter pour « conciliabuler » : qu’est-ce qu’on fait, on continue ? on revient ?
En attendant, je me trouve belle sous la pluie.
Vu le brouillard ici on se doute qu’à plus haute altitude ce doit être inhumain. Quelques rares intrépides braveront les intempéries mais le gros de la troupe fera demi-tour.
L’après-midi à défaut du concours de tee-shirt mouillés réclamé par certains, j'ai dû me contenter d'un concours de motos mouillées, votez, le meilleur gagnera un Barbour.
Le dimanche, nous avons abandonné les tenues de pluie et le casque intégral, par contre ma coquine de FN refusait de démarrer et fonctionner correctement : changement de bougie, et pourtant l’étincelle était bonne, poussette... même les jurons n’y faisaient rien, après quelques rares « poum-poum » le moteur calait. Ce n’est qu’en « embugant » la cuve du carburateur jusqu’à ce qu'un verre d’essence en déborde que le moteur s’est enfin décidé à tourner presque normalement.
Le ciel est bleu, oui, mais dans la montagne le brouillard est encore bien présent.
Le col de Rotisson porte bien son nom, on s’y réchauffe un peu…
…mais au col des Ayes nos phares et veilleuses ont été à nouveau mis à contribution.
Arrêt au belvédère de Saint-Romain-de-Lerps pour contempler la mer de nuages…et se restaurer un peu.
Les compteurs kilométriques sont encore embués….
…mais les casques sont enfin secs et bien brillants ce qui ne manque pas d’amuser votre narcissique serviteur qui joue avec son reflet.
Peu après c’est la confusion, la route est coupée à cause du passage d’un rallye automobile. Après une chaleureuse et affectueuse pensée à l'égard de la préfecture qui aurait pu prévenir et mettre en place la déviation adéquate longtemps en amont nos organisateurs ont su rapidement adapter le parcours.
La boucle sera bientôt bouclée, on souffle un peu au col de la Mure.
Sur les derniers kilomètres de grand-route je cravache ma FN qui marche comme un avion alors que depuis ce matin les démarrages ont été parfois laborieux ainsi que les roulages à très basse vitesse, ce comportement me fait fortement penser à un défaut de carburation.
La boucle est bouclée.
Et si vous aimez les belles choses régalez-vous: Dollar, Matchless, René-Gillet, Saroléa, Terrot, Gnome-Rhône, Terrot, Gnome-Rhône, Motobécane.
Rentré au garage je démonte sans tarder le carburateur et vois s’écouler de la cuve un liquide qui n’a pas grand-chose à voir avec de l’essence, j’en verse un peu sur du papier que j’enflamme et, tiens, comme c’est bizarre, le fait que la flamme se soit éteinte à la frontière de la flaque en dit long sur son indice d'octane. L’alerte rouge concernait aussi les entrailles de mon carburateur mais ni Valérie ni Thierry ne m’avait prévenu !
Démontage, soufflette, remontage et tout est rentré dans l’ordre.