Ca faisait longtemps que la traction présentait tous les symptômes d'une soupape d'échappement bien fatiguée:
- moteur qui boite au ralenti,
- presque pas de compression sur le cylindre 2, (guère plus sur le 3)
- mais pas de consommation d'huile, donc la segmentation n'était pas en cause
- en roulage normal on ne note pas vraiment de désagrément....
Allez ma cocotte, on enlève le haut !
Je me précipite tout de suite sur la soupape d'échappement du cyl 2.
Bilan: elle n'est pas éligible au concours de miss France, mais on a vu pire, pour moi, elle est tout à fait récupérable.
Côté culasse: HORREUR
Le siège d'échappement du cyl 3 est à peine mieux.
Ce n'est pas de la récession due au carburant sans plomb, d'ailleurs les cyl 1 et 4 sont impeccables…..et je peux affirmer qu'ils ont consommé le même carburant ! De plus le jeu aux culbuteurs est resté bon.
Côté cylindre N°1 et N°4 tout est OK.
Ce ne sont pas les impacts d'un corps étranger, les pistons aussi seraient marqués.
Du pré-allumage ? je n'y crois pas, les attaques seraient plus précises, et sur ce genre de vieux moteur je n’y crois guère
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Ca ressemble beaucoup à de la corrosion.
Voyons côté joint de culasse:
Ceux qui ont une petite idée de ce qu’est un joint de culasse comprendront facilement qu’il y a eu passage de liquide de refroidissement dans les cylindres ce qui explique la corrosion constatée.
Le niveau dans le radiateur ne baissait pas de façon notable, mais hélas, une petite fuite suffit pour faire de beaux dégâts.
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Aurais-je un problème de planéité de la culasse?
Pas de doute la cale de 0,05mm passe largement => ceci explique tout celà!
Un petit contrôle côté bloc moteur, ça parait OK, Ouff!
Je profite de l'occasion pour rappeler un phénomène souvent ignoré:
L'effet majeur d'un défaut d'étanchéité d'une soupape d'échappement, c'est que, en phase d'admission, l'aspiration du moteur se fait par le carburateur (gaz frais) ET par la soupape d'échappement non étanche (gaz brûlés).
Au ralenti la section de la fuite à la soupape peut être du même ordre de grandeur que la section ouverte par le papillon du carburateur, donc la charge gazeuse admise dans le moteur comprend à peu près autant de gaz d'échappement que d'air frais, la combustion devient impossible.
Plus on accélère en ouvrant le papillon du carburateur, et plus le pourcentage de gaz brûlés admis devient négligeable et la combustion reprend à peu près normalement.
Pour que la perte de puissance soit sensible par le conducteur à forte accélération il faut vraiment que la soupape complètement morte.
Au boulot.
C’est sympa le forum de la GMT, la "guilde mondiale des tractionnistes", on parle de son problème et tout de suite il y a une âme charitable qui se propose pour vous aider, vous prêter des outils, vous encourager….
Christophe m’a dit : «d’après tes photos je pense comme toi que tes soupapes sont sauvables, envoie-les moi, j’ai une rectifieuse à soupapes je te ferai ça », Il m’a dit aussi, « j’ai de super fraises pour rectifier les portées de soupapes, je peux te les envoyer »….c’est pas sympa ça ?
Comme on peut le voir, la portée des soupapes se fait directement dans la fonte, il n’y a pas de siège rapporté. Je vais tenter de rectifier cette portée avec les fraises providentielles, mais si je suis amené à enlever trop de métal, je serai contraint de faire poser un siège acier par un atelier spécialisé.
Les fraises prêtées par Christophe sont de vrais bijoux d’une précision excellente, elles me permettent de refaire les portées en respectant le bon profil qui comprend trois angles différents.
Allez, encore un petit effort, il reste un peu de cratère qu’il faut éliminer.
J’ai pu ainsi sauver la culasse sans avoir recours à des sièges rapportés, tant mieux pour le porte-monnaie.
J’en profite bien sûr pour donner un petit "coup de neuf" aux portées des autres soupapes.
La face d’appui de la culasse a été rectifiée dans un atelier spécialisé, il a quand même fallu enlever deux dixièmes de millimètre par endroit : ce n’était pas du luxe.
Après réception des soupapes rectifiées par Christophe, le rodage, effectuée avec une perceuse en tirant la soupape par le queue (ail !) n’est qu’un formalité car tout le travail préliminaire a été fait avec beaucoup de précision.
Petite vue du champ opératoire avant le rhabillage de la culasse.
La portée des culbuteurs est ajustée avec une lime diamant.
Après nettoyage de tous les composants, voici une culasse toute neuve, prête à l’emploi.
Changement d’atelier, la pompe à eau est montée ainsi que le collecteur admission et échappement après rectification de leurs plans de joint.
Le remontage: ça commence à prendre tournure.
Ca y est, ça marche! (le crachotement, c'est pas le moteur, ce sont les parasites dus à l'allumage)
Allez, un petit tour, la route est belle.
J’ai enfin retrouvé le fonctionnement normal d’un moteur souple progressif avec un ralenti d’une stabilité de métronome....un vrai moteur de traction.
Merci christophe.