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5 avril 2020 7 05 /04 /avril /2020 20:53

     Encore une symphonie inachevée mais celle-ci aura une fin ... plus tard, c'est sûr, après le confinement.

    La P102 est équipée d'une fourche à parallélogramme, (j'aurais tant aimé une fourche pendulaire comme on les faisait quelques années auparavant). (clic droit pour agrandir les photos)

 

     Il est courant de rencontrer de l'usure sur les diverses articulations ainsi que sur les roulements de colonne de direction, sources d'imprécision ou de guidonnage aux folles vitesses atteintes par cette puissante motocyclette. De toutes façons un démontage complet s'impose.

     Constitution

     Un ressort central travaille en compression et il n'y a pas de dispositif d'amortisseur à friction. Les quatre axes de 10 mm sont filetés au pas de 100, à gauche d'un côté et à droite de l'autre. Les biellettes sont taraudées en conséquences, et un contre-écrou à chaque extrémité bloque le tout.

     Illustration avec les deux axes inférieurs, les axes du haut ont la même configuration.

 

     Les contre-écrous se desserrent sans aucune difficulté, il suffit alors de faire tourner les axes deux à deux et dans le bon sens pour écarter les biellettes et démonter ainsi la fourche sauf que .....

     - l'axe du bas côté guidon tourne très librement, même bien trop puisqu'il a un gros millimètre de jeu !

     - l'axe supérieur côté guidon tourne librement sans jeu anormal.

     - l'axe supérieur côté fourche est grippé et ne tourne que de quelques degrés

     - l'axe bas côté fourche est complètement grippé.

     Je sens qu'il va y avoir de l'occupation !

     Axe supérieur de fourche : les carrés de manœuvre ne sont pas trop dégradés, mais je préfère utiliser ma ruse favorite pour pour ne pas les arrondir : deux écrous M10x100 montés en contre-écrou permettront de forcer sans risque, (M10x100 est le filetage adopté pour la fixation des anciennes douilles électriques en laiton, c'est courant, il suffit de le savoir). 

     Après beaucoup de dégrippant et de manipulations sans oublier les indispensables jurons, deux heures d'acharnement ont suffi pour libérer l'axe qui était bloqué seulement par de la graisse séchée, après nettoyage il a retrouvé un état à peu près satisfaisant.   

 

      Voici l'état de la situation quelque peu préoccupante quant à la suite.  

 

     Les litres de dégrippant, les manipulations à l'aide de pince-étau, les supplications... les jurons les plus sophistiqués ne viennent pas à bout de cet axe. Je décide alors de démonter la colonne de direction pour pourvoir poser la chose sur l'établi où je serai plus à l'aise. Sauf que... il faut pour cela ôter le guidon ...

 

     Il s'agit d'un montage du type vélo: le tube du guidon est serré dans la colonne de direction au moyen d'une noix conique tirée par une longue vis. Aucune difficulté pour desserrer la vis et pousser la noix au fond dégageant ainsi le serrage, il n'y a plus qu'à tirer le guidon vers le haut, tout en le tournant pour aider, facile à dire.

     Les jurons et le dégrippant c'est comme les virus, à force d'en avoir subi beaucoup la mécanique devient immunisée, ça n'a plus aucune efficacité, et le guidon reste toujours en place.

     "Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage" disait La Fontaine. La règle primordiale quand on restaure une vieille machine c'est : surtout ne rien casser, donc, prendre le temps qu'il faut, tourner son marteau sept fois dans la main avant de taper.

     Je me lance alors dans la fabrication d'un extracteur : deux tubes, des tiges filetées, des bouts de fer plat arrondis, du carton épais pour protéger les pièces, quelques photos valent mieux qu'un long discours.

 

     Je suis fier de moi .... mais j'aurais été plus fier ecore si ça avait fonctionné !

     Au fait, cet axe inférieur qui a un gros millimètres de jeu, il est certainement HS, je pourrais le scier sans complexe, ce qui me permettrait de dégager la fourche pour continuer son démontage et dégager la colonne de direction pour travailler plus à l'aise.

      Aussitôt pensé, aussitôt décidé, en tournant cet axe j'écarte la biellette suffisamment pour glisser une lame de scie, et en avant pour le sacrifice (j'ai horreur d'enlever du métal sur une vieille pièce) .

 

 

     Pas de regret, son usure est impressionnante il aurait atterri dans la galerie des horreurs.

 

     La fourche est libre, je peux utiliser un outil plus "persuasif" pour extraire le rebelle, il a fallu quand même y croire en tapant fort alternativement d'un côté puis de l'autre, pour extraire une axe qui n'était bloqué que par de la graisse séchée et qui, après simple nettoyage, a retrouvé un état, certes pas neuf, mais je m'attendais à bien pire.

 

     Je suis maintenant plus à l'aise et surtout j'utilise une clé plus longue, miracle, millimètre après millimètre j'arrive à extraire ce satané guidon qui, comme tout le reste, n'était collé que par de la graisse séchée et a retrouvé sa superbe après un simple lavage au White Spirit.

 

 

     Le démontage des roulements de colonne de direction n'a pas posé de problème, je peux maintenant examiner les pièces calmement.

     La fourche a été réparée par soudobrasure, la réparation semble sérieuse, je n'y toucherai pas.

 

     Les cuvettes de la colonne de direction sont impeccables, pas de marques de billage, de même pour les 34 billes de 6.32 mm, un nettoyage suffira.

 

 

     Les deux axes supérieurs de fourche sont récupérables, les deux inférieurs devront être refaits.

 

 

     Hormis le Té inférieur, les  logements des axes ne sont que très faiblement ovalisés, les alésages aux extrémités sont de l'ordre de 10.20 mm.

 

 

     Le Té inférieur est fortement usé et ovalisé : 10.40 mm (vertical) et  10.90 mm (horizontal).

 

    Pas d'autre solution qu'un réalésage, l'alésoir de 10.50 mm ne fait que blanchir une faible surface, celui de 11 mm rendra un alésage bien propre après une bonne scéance de musculation des biceps.

 

 

     Je n'ai pas sous la main la nuance d'acier adaptée pour refaire les deux axes de 10 mm et 11 mm mais j'ai envie de me faire la main en usinant un axe de 11 mm dans un barreau de C 35 (acier mi-dur). Il faut le réduire à 11 mm sur toute la longueur.  C'est probablement du Stub, seul acier sérieux disponible en 11 mm H7 à ma connaissance, que je choisirai pour les axes définitifs.

     Petite ruse pour tourner cylindrique sur mon jouet pas très précis et dépourvu de dispositif d'alignement de la contre-pointe : la pointe tournante "low-cost" est légèrement tordue, quand je fais tourner le cône morse, la pointe décrit un cercle de quelques centièmes de diamètre, il suffit de lui donner le bon angle de  rotation pour garantir le bon parallélisme.

 

     Pour tourner un filetage à gauche j'ai adapté un pignon supplémentaire dans la lyre afin d'inverser le sens de rotation de la vis mère et l'outil est réalisé avec une inclinaison inversée.

 

 

     Tournage des évidements en face des graisseurs, méplats pour distribuer la graisse et carré de manœuvre faits à la lime, (finalement le C35 c'est bien raide), montage sur le Té, c'est tout bon, tout se visse bien, le jeu est très faible,  il ne manque plus que du Stub pour en faire des vrais et achever la symphonie.

 

 

     A bientôt

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